Qu'est ce que vous écoutez, là, maintenant, à cet instant...

Quand on a la musique dans le sang, et qui plus est la guitare, il est impossible de ne pas écouter du jazz manouche. Que ce soit les frangins Ferré ou l'immense Django en ce qui concerne les figures emblématiques du style, Bireli le strasbourgeois ou le farfelu et décalé Sanseverino pour faire plus actuel, et plus frenchie aussi, ce style met la six cordes à l'honneur. Pourtant, de part ses codes vestimentaires, le manouche est souvent mis au placard, relégué sur les bancs de ces musiques désuettes dont seules les moqueries beaufardes les rappellent à nôtre souvenir.



Et puis, en France encore (à croire que c'est ici que tout se passe en matière de manouche... et après on vient me faire dire qu'il n'y a que de la bouse en matière de musique par chez nous !), on s'est mis à vouloir dépoussiérer un peu le style, le rendre plus radiophonique en somme. Soit disant "trois programmateurs de séquences, bricolos d'electro mais aussi musiciens et férus de swing jazz, des Django addicts en quelque sorte". Bref, comme ils savent dire, "de quoi faire murir un projet qui séduit une chanteuse, un clarinettiste, un DJ scratcheur. Lookés façon Zazous, les pré-pré-punks de l'Occupation, ils donnent le la d'une musique jubilatoire et frénétique, improbable charleston futuriste, très dancefloor et toujours mélodique."

Et c'est vrai que la mélodie, elle est au rendez vous (suffit d'écouter "Star Scat", "Violente Valse" ou "Jolie Coquine"), mais également le rythme ! Et quel rythme mes amis.... Des guinguettes dopées ("Dragons", "Je m'amuse") aux revivals disco ("La Caravane", "Bambous"), le beat n'a rien à envier aux hits des discothèques : au contraire, et c'est bien là le renouveau, le manouche devient autre chose qu'une musique qu'on écoute au hasard en passant, ou qu'on laisse tourner aléatoirement les dimanche après midi d'automne. Nan, le manouche de Caravan Palace (j'ai fini par lâcher le nom !) c'est une autre étape. C'est tout à fait le genre qu'on imagine pour chauffer une salle...Et la maintenir bouillante !

En quelques mots et pour conclure, ce premier album, sobrement éponyme, cache bien son jeu. C'est un concentré de rigueur et de spontanéité certes, mais sans ça ce ne serait pas du manouche, mais également un brin de fraîcheur et d'éclectisme, saupoudré d'un sentiment bridé par les conventions et le plaisir de les platiner. Un petit bonheur de foire, qu'on aimerait bien voir exploser sur scène.